J’ai toujours associé sociologie à platitude. Ce préjugé m’est venu en écoutant les discours sociologiques d’une populaire et pourtant intéressante animatrice de radio et de télé!!! Longtemps, j’ai pensé enregistrer ses propos sociologique dans le but de combattre mes insomnies. Ce jugement gratuit est complétement disparu à la lecture du rapport intitulé «Pour une industrie acéricole forte et compétitive» rédigé par Florent Gagné détenteur d’une maîtrise en sociologie.de l’Université de Montréal.

Depuis longtemps, le Québec est le leader mondial dans la production du sirop d’érable. Cependant, face au déclin de la position dominante de l’industrie acéricole québécoise, le ministre de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), Pierre Paradis, a confié le mandat à Florent Gagné, haut fonctionnaire, de réaliser une étude exhaustive de la situation de cette industrie. À l’œuvre depuis le 15 mai 2015, nous avons pris connaissance du rapport la semaine dernière.

Pour faire son étude, l’auteur a rencontré les gens qui travaillent dans l’industrie acéricole. Du producteur acéricole à l’Union paysanne, tous les acteurs de l’industrie ont pu donner leur opinion. Je trouve le résultat des plus intéressant.

La lecture du document de 69 pages est bien écrit et concis et il permet au lecteur de bien comprendre le modèle d’affaire de l’industrie acéricole québécois. L’étude donne 21 mesures pour améliorer la croissance, l’harmonie et le progrès. Vous pouvez oublier celles qui traitent de l’harmonie et du progrès. Les mesures qui sonnent et qui résonnent sont celles visant à stimuler la croissance de la production en proposant des changements majeurs au système de mise en marché.

Comme les initiés le savent, la mise en marché dans l’industrie acéricole s’articule autour d’un système de contingentement de la production et d’une réserve stratégique de sirop d’érable. Ce système et la réserve sont les bébés de la Fédération de Producteurs Acéricoles du Québec (FPAQ). La réserve, créée au début des années 2000, permet de garantir les approvisionnements lorsqu’une mauvaise année de production se présente et d’éviter d’inonder le marché lors des grosses années de production. Monsieur Gagné donne sa bénédiction sans confession à la réserve stratégique en affirmant que c’est une des plus grandes et des plus marquantes contributions de la FPAQ au système de mise en marché actuel. Il n’en va pas de même pour le contingentement. Le système de contingentement restreint la production des producteurs à un historique d’entailles et de superficie et il a été mis en place pour la saison 2004.

La recommandation 5 du rapport se lit comme suit : «Il est recommandé d’abandonner le contingentement de la production d’eau d’érable, de concentré d’eau d’érable et de sirop d’érable produits au Québec.»

Il fonde cette recommandation principalement sur le fait que l’industrie acéricole est exportatrice et que ses concurrents, les États-Unis, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario n’ont pas cette entrave pour se développer. Sur ce point, le potentiel acéricole redoutable des États-Unis laisse songeur.

L’application de cette recommandation modifierait grandement la dynamique de l’industrie acéricole au Québec. En effet, il permettrait aux acériculteurs ou aux gens désireux de fonder une entreprise acéricole d’investir rapidement sans attendre en ligne l’autorisation de produire de la FPAQ. Les contingents étant rattachés à une superficie d’érablière, on peut également se questionner sur l’impact d’un tel changement sur les prix des terrains forestiers où l’on retrouve des peuplements d’érables.

La FPAQ réagira prochainement à ce rapport. Tout le monde de l’acériculture et ceux que ce domaine intéresse, sont avides de connaître sa réaction. De notre côté, lorsque nous questionnons nos clients, la grande majorité souhaite le statu quo.

François Martel, ing.f.

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